viernes, 3 de abril de 2015

Geneviève Amyot: Adolescencia/Adolescence


En ese espacio que has establecido
de ahora en adelante entre nuestros cuerpos
Yo me quedo
Yo viajo

Del rigor de tus rupturas
a lo inevitable de mi pérdida
yo viajo

De tus deseos a mi inquietud
De tus silencios a mi nostalgia
De tu puerta cerrada a mis brazos vacíos

Yo te ruego

Déjame amarte otra vez
como se ama a una niña
Un poco más
Otra vez

En la persistencia feliz
de nuestros vientres cómplices
yo viajo

Eres bella    cansada
a pesar de tal intensidad me quedo

Mi juventud no se ha perdido
pues está en ti

De tus cantos a mi alegría yo viajo
De tus sarcasmos a mis furias
De tu amor atribulado a mi amor
en desconcierto

Tu juventud es un pudor extremo
que contemplo desde el borde de mis pestañas

Te escondes precioso pergamino
en la necesidad de tu propia urna

Me quedo 
Centinela frágil
Ignorante
Arrugada

Del esplendor de tus movimientos
a la tenacidad de mis pérdidas yo viajo

De mi infancia tartamuda a la tuya
un milagro incompleto

De tu ira mal entendida
a mi vergüenza repudiada

De mi sangre que va
a tu sangre que vendrá
Y bendeciré
que me muestres o no el rubor
bendeciré
Tu primer libro te recordaré
fue Una pequeña dama
Tú serás la primera
Toda una primera dama
Te bendeciré
Ya que no nos acunaremos más

De tus bailes a que yo no bailo 
yo viajo
De tus grandezas a mis glorias
De tus conjugaciones a mis poemas
De mis esperanzas a tus sueños

En ésta nueva cara del amor
Evidentemente irreconocible
En la necesidad ciega del llanto
En la dura satisfacción del dar
Me quedo
Centinela fuerte
Ufana
Ferviente me quedo
Viajo
Silenciosa
Hasta el último de tus fuegos



Original:



Dans cet espace que tu as établi
désormais entre nos corps
Je me tiens
Je voyage

De la rigueur de tes ruptures
à l'inèvitable de ma perte
je voyage

De tes désirs à mon inquiétude
De tes silences à ma nostalgie
De ta porte close à mes bras vidés

Je t'en prie

Laisse-moi t'aimer encore
comme on aime une petite fille
Encore un peu
Parfois

Dans la persistance heureuse
de nos complicités matrices
je voyage

Tu es belle je suis fatiguée
Pourtant encore si vive je me tiens

Ma jeunesse n'est pas perdue
puisqu'elle est en toi

De tes chants à ma joie je voyage
De tes sarcasmes à mes fureurs de ton amour troublé à mon amour
en désarroi

Ta jeunesse est une pudeur extrême
que je contemple du boit des cils

Tu te caches parchemin précieux
dans la nécéssité de ton urne propre

Je me tiens
Sentinelle fragile
Ignorante
Ridée

De la splendeur de tes mouvances
à la ténacité de mes pertes je voyage

De mon enfance saccadée à la tienne
un miracle incomplet

De ta colère de mal entendue
à ma honte de répudiée

De mon sang qui s'en va
à ton sang qui s'en vient
Et je le bénirai
Que tu m'en montres ou non la couleur
je le bénirai
Ton premier livre t'en souviens-tu
Tu seras la première
La toute première dame
Je te bénirai
Puisque nous ne nous berçons plus

De tes danses à mon pas
je voyage
De tes grandeurs à mes gloires
De tes conjugaisons à mes poèmes

De mes espoirs à tes rêves

En cette nouvelle face pour l'amour
Méconnaissable de toute évidence
Dans la nécessité aveugle de l'arrachement
Dans le dur contentement du don
Je me tiens
Sentinelle forte
Fière
Fervente je me tiens
Je voyage
Silencieuse

Au plus ultime de tes feux



Tomado del libro: Autour du Temps/ Anthologie de poètes québécois contemporains


©Éditions du Noroît 

Muchas gracias a los editores por permitir la publicación de éste poema
Merci beaucoup aux éditeurs pour permettre la publication de cette traduction



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