jueves, 29 de enero de 2015

Marie-Claire Bancquart:Las estatuas sedentes/Les statues assises

Las estatuas sedentes
dan la bienvenida
en las tumbas etruscas.

Las palabras del amigo enfermo
atraviesan los muros.

¿Por qué no te vistes de negro, un poco por adelantado?
¿Por qué no les dicen a los otros que vengan a la comida de mis funerales,
que yo presidiré? Será una forma de acostumbrarme a la ausencia.
-Pero no vendrá nadie, le respondemos. Saben que ya no estás en el mundo.

-Conque así, dice,
leyendo los obituarios en el periódico.

No me gustan los muertos,
esa manera que tienen de no sufrir más
de no esperar más
entre la carne y la piel
el tumor hinchado, o en los huesos
ese taladro intermitente, que lo ahueca.

¡Bah, los muertos!
Dejados en sus tumbas
ya no esperan más sobre un banco de metro
ya no farfullan más en la sección “poesía”
para encontrar la mejor colección
ya no se preguntan más
si será mejor, como en español, un signo de interrogación
antes como después de la frase en enigma.
¡Bah, los muertos!

Dulcemente
una rata sube de una alcantarilla
marcada con el mismo nombre de la calle donde ríe
el lector del periódico, en camino sin saberlo
hacia la mortalmente correcta crónica a sí mismo.

Original:

Les statues assises
accueillent
dans les tombes étrusques.

Des paroles d'amie malade
traversent les murs.

Pourquoi ne veux-tu pas t'habiller de noir; un peu en avance ?
Pourquoi ne pas dire aux autres de venir au repas de mes funérailles,
que je présiderai ? Ce sera une manière de m'habituer à l'absence.
- Mais il ne viendra personne, répondons-nous. Ils savent déjà que
tu n'es plus au monde.

-Crève donc, dit-il
en lisant les annonces funéraires du journal.

Il n'aime pas les morts
leur manière de ne plus souffrir
de ne plus attendre
dans l'entre chair et peau
la tumeur gonflée, ou dans les os
cette vrille intermittente, qui creuse.

Peuh, les morts !
Lâchés dans leur trou
ils ne patientent plus sur un banc de métro
ils ne farfouillent plus au rayon « poésie »
pour trouver un recueil pas trop cher
ils ne demandent plus
s'il vaudrait mieux, comme en espagnol, un point d'interrogation
avant comme après la phrase en énigme.
Peuh, les morts !

Doucement
un rat monte depuis l'égout
marqué au même nom que la rue où ricane
le lecteur du journal, en route sans savoir

vers le mortellement correct de sa chronique à lui.


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